Vierzon, Nezha El Massoudi va représenter la France dans le cadre du Prix Unesco de l’éducation à la citoyenneté mondiale
Enseignante au lycée Édouard-Vaillant de Vierzon après avoir été professeur à Bourges et Avord, Nezha El Massoudi représente la France dans le cadre du Prix Unesco de l’éducation à la citoyenneté mondiale, qui sera décerné pour la première fois fin octobre. Par Valérie Mazerolle Publié le 10 octobre 2025 à 06h01

Nezha El Massoudi, enseignante du Cher nommée pour le Prix UNESCO de l’éducation à la citoyenneté mondiale © Valérie Mazerolle
Deux enfants aux vêtements de couleurs tendres observent l’envol d’une colombe. À leurs côtés, assis, de dos, un nourrisson à la robe vibrante de lumière. Pour la couverture de son livre, paru aux éditions l’Harmattan l’an dernier et issu de sa thèse, Nezha El Massoudi a choisi une œuvre de Scipione Vannutelli, Allégorie de la paix. « Il y a tout, dans cette représentation, confie-t-elle le regard tourné vers l’ouvrage : l’harmonie, la douceur, le regard de la jeunesse vers l’avenir, l’attention au vivant. Je vois là un appel à la réflexion sur les moyens d’aller vers la paix. »
C’est cette réflexion qui irrigue, nourrit sa vie depuis de nombreuses années. Comme enseignante d’anglais, un métier qu’elle a exercé à Bourges, à Avord et à Vierzon aujourd’hui, toujours avec « une volonté d’ouverture à l’international, des échanges et des voyages ». Comme formatrice en numérique éducatif, aussi, une fonction qu’elle a endossée au cours de la dernière décennie. Et, enfin, comme chercheuse, autrice d’une thèse en diplomatie et relations internationales dédiée au rôle de l’éducation à la citoyenneté dans la construction d’une paix et d’une sécurité durables à l’ère du numérique.
Dialogue et débat
« J’ai été amenée à travailler avec nombre d’acteurs associatifs ou privés du Cher pour bâtir des projets qui touchaient à la promotion des échanges interculturels et à l’éducation à la citoyenneté numérique. C’était très enrichissant. Mais j’ai éprouvé le besoin d’aller plus loin, de réfléchir aux politiques qui pourraient faire de l’éducation à la citoyenneté un vrai moteur de changement social et de construction d’une paix durable. À l’ère de la post-vérité, des conflits, du dérèglement climatique, il est fondamental d’encourager les citoyens à la participation active, responsable, empathique à la vie de la société. Les former à la pensée critique, à l’esprit de solidarité et au respect de la diversité, est indispensable. »
Elle nous regarde. Sourit. « Certains me trouvent idéaliste, utopiste. » On comprend que ces mots, elle les a entendus mille fois. Peu importe. Elle répond sur le même ton, celui du refus de la fatalité. « Avec des petits pas, on peut obtenir de grands résultats. Je m’interdis d’être pessimiste. À mes élèves, je ne dis pas que le monde est condamné, mais qu’en travaillant ensemble, dans la coopération, nous ferons, ils feront des grandes choses. »
C’est bien cette conviction, et sa traduction sur le terrain et dans sa thèse, qui a été repérée par la commission nationale française pour l’Unesco dans le but de concourir au Prix Unesco de l’éducation à la citoyenneté mondiale. Nezha El Massoudi représente la France dans l’une des catégories (*) de ce prix créé en 2024 avec le soutien de la Corée du Sud pour « récompenser des projets remarquables visant à promouvoir et à faire progresser l’éducation à la citoyenneté mondiale ». À la clef : 50.000 dollars américains.
« Le projet que je défends, avance Nezha El Massoudi, est la création d’un centre de recherches en irénologie. J’aimerais pouvoir aider d’autres chercheurs qui travaillent dans le domaine des sciences de la paix, mettre en avant leurs travaux, les publier. » Pour accueillir ce centre, Nezha El Massoudi ne voit qu’une ville : Bourges. « Une évidence. »
Centre de recherches
« J’ai des attaches à Bourges et dans la région. Je vis dans le Cher depuis vingt ans. Et le sujet de l’éducation à la citoyenneté, c’est à Bourges qu’il est venu à moi, par la rencontre de personnes, d’associations. Dans mon travail de thèse, j’ai fait part de leurs regards, de leurs initiatives. Car s’il était indispensable de recueillir la parole des hauts fonctionnaires, il s’agissait aussi de comprendre la manière dont les politiques publiques étaient ressenties sur le terrain, les solutions que les acteurs locaux pouvaient faire émerger », poursuit la jeune femme, engagée au sein de l’Association de solidarité internationale et d’éducation, qui favorise les échanges entre jeunes français et asiatiques.
Dans une poignée de jours, Nezha El Massoudi saura si elle est lauréate de ce prix prestigieux. L’obtenir serait une reconnaissance pour elle, bien sûr. Ce le serait, aussi, pour les personnes qui, dans le Cher, ont alimenté ses réflexions par leur engagement quotidien. 
(*) Deux lauréats distingués : une organisation de jeunesse et une personne, institution ou organisation non gouvernementale.
