Historique
Jusqu’en 1939, les jeunes vierzonnais qui souhaitaient poursuivre des études secondaires « classiques » jusqu’à l’obtention du Baccalauréat devaient se rendre à Bourges et intégrer le Lycée Alain-Fournier en tant qu’internes, ce qui représentait un coût important pour les familles. Vierzon ne possédait que des écoles primaires, des Cours Complémentaires (garçons et filles) qui aboutissaient au Brevet Supérieur, et l’Ecole Nationale Professionnelle Henri BRISSON. Au moment du déclenchement des hostilités, au début du mois de septembre 1939, des élèves venant du Nord, de l’Est de la France et de la région parisienne furent évacué vers le Cher. Ils ne purent tous être accueilli à Bourges. C’est donc dans la précipitation d’une période troublée que fut créée, le vendredi 17 Novembre 1939, l’annexe vierzonnaise au Lycée Départemental Alain-Fournier. Pour ménager la susceptibilité des Berruyers, l’Inspecteur d’Académie du Cher précisa que cette antenne n’était ni un Lycée, ni un Collège. Elle s’installa à l’ancienne mairie de Vierzon-Villages, avec 24 élèves, sous la direction d’un professeur d’Histoire-Géographie, M. André Weber.
1940
Le 1er Février 1940, l’antenne vierzonnaise du lycée Alain-Fournier est transformée en une section d’enseignement classique qui prend le nom de « Centre Secondaire de Vierzon », toujours sous la direction de M. Weber. Ce dernier, lorrain d’origine, fit passer à travers ses cours des sentiments de résistance et de patriotisme. Le Centre Secondaire déménage, une première fois, pour s’installer rue des Changes, en raison de l’occupation par l’armée allemande de l’ancienne mairie. Parmi ses élèves, se trouvait Mlle Mireille ALBRECHT, fille de Berty ALBRECHT, grande résistante, Compagnon de la Libération. 1941 Malgré la pression du Lycée Alain-Fournier, le gouvernement décide de maintenir ouvert ce Centre Secondaire pour l’année 1941, de la 6ème à la 1ère. Il déménage, une seconde fois, pour le parc de l’Ecole Nationale Professionnelle Henri BRISSON dans des baraquements en bois à la rentrée de 1941 puis dans les locaux du Cours Complémentaire de Garçons. Le directeur de l’E.N.P. devient alors celui du Cours Secondaire.
1945
Plus personne ne remet en cause l’existence et la fiabilité de cette annexe, qui dès lors prend son autonomie vis à vis de Bourges. 1965 Trop à l’étroit dans les murs du Lycée Technique d’Etat, le Cours Secondaire déménage pour la troisième et dernière fois, à la rentrée 1965, pour s’installer au sein de la Cité Scolaire qui vient d’être construite. Il devient alors le Lycée Municipal Mixte de Vierzon, puis, la même année, lycée d’Etat.
1966
Un débat sur la dénomination de notre établissement oppose les partisans de George Sand à ceux d’Edouard Vaillant. Finalement, c’est l’illustre Vierzonnais qui l’emporte (délibération du Conseil Municipal du 14/12/1966). De 1966 à 2009 Lycée Classique et Moderne au départ, il devient Lycée d’Enseignement Général et Technologique (LEGT) en 1975, avec l’accueil des sections tertiaires venant du Lycée Henri Brisson.
Depuis 1989, il accueille un pôle d’enseignement supérieur avec la création de sections de techniciens supérieurs tertiaires.
2009
Afin de rationaliser l’offre éducative du second degré du bassin de Vierzon, le Recteur de l’académie d’Orléans-Tours impose la fusion du LEGT Edouard Vaillant et du LP René Cassin, lui aussi implanté dans la cité scolaire Edouard Vaillant.
A partir du 1er septembre 2009, le lycée Edouard Vaillant devient un lycée polyvalent (LPO), comptant près de 1300 élèves. Cependant, sa Section d’enseignement professionnel, labellisée Lycée des métiers, conserve les structures, les spécificités et le fonctionnement de l’ancien LP René Cassin. Historique du lycée par Frédéric Morillon, professeur d’histoire-géographie au lycée Edouard Vaillant
A compter du 1er septembre 2010, la fusion entre les lycées Edouard Vaillant et René Cassin sera effective. Elle se traduira par la disparition de l’entité « lycée René Cassin », qui deviendra la Section d’enseignement professionnel du lycée Edouard Vaillant, ou « SEP Edouard Vaillant ». Cette fusion était prévue initialement pour le 1er septembre 2009, mais des retards administratifs indépendants de la volonté de l’établissement ont repoussé son entrée en vigueur légale, qui interviendra au cours de l’année 2009-2010.
Durant l’année scolaire 2009-2010, l’entité « Lycée René Cassin », qui devait disparaître au 1er septembre 2009, est maintenue, de même que les deux conseils d’administration des établissements en cours de fusion. Cependant, ce retard ne remet pas en cause le processus de fusion, qui nous oblige à refondre notre site, pour y intégrer les informations concernant la Section d’enseignement professionnel. Cette actualisation du site se fera progressivement. L’ancien site internet du lycée René Cassin n’est plus mis à jour, et le site de notre lycée Edouard Vaillant se présente déjà comme le site d’un lycée polyvalent : il est donc en avance sur son temps !
Edouard VAILLANT
Un jeune homme studieux et brillant
Marie-Edouard VAILLANT est né le 29 janvier 1840 à Vierzon. Il est le fils de Michel VAILLANT, petit industriel, notaire et homme d’affaires berrichon. Sa mère, Marie Anne Cécile Ambroisine Lachouille est issue d’une riche famille de propriétaires de l’Yonne. Il a vécu au 3 rue Neuve, actuellement Avenue de la République à Vierzon-Ville jusqu’en 1842 puis il passe tranquillement son enfance à Salbris et à Paris où ses parents s’installent dans le 5e arrondissement, quartier du Panthéon. Très tôt porté vers les études, le jeune Édouard VAILLANT passe son baccalauréat ès sciences à 17 ans au Collège Sainte Barbe à Paris et prépare avec succès le concours d’entrée à l’école Centrale. Il sort ingénieur des Arts et Manufactures en 1862. En 1864, il fait une première visite à Feuerbach en Allemagne à Nuremberg. En 1865, il est reçu docteur ès sciences à la Sorbonne. Attiré par les voyages, il suit une formation médicale en Allemagne et en Autriche, aux universités de Tübingen, d’Heidelberg, et de Vienne. Il a obtenu son doctorat de médecine quand éclate la guerre franco-prussienne. Il abandonne ses études pour rentrer aussitôt à Paris.
L’engagement politique
Jusqu’en 1870, son engagement politique paraît avoir été assez discret. Signataire de plusieurs manifestes estudiantins et républicains, il se lie d’amitié avec PROUDHON. En 1867, il adhère à l’Association Internationale des Travailleurs. VAILLANT se serait mis en contact avec Karl MARX en 1869. Il fréquente également lors de ses séjours à Paris des adversaires de l’Empire aussi irréductibles que Félix PYAT, vierzonnais lui aussi, Paul LONGUET et Jules VALLES. Son premier ouvrage politique, petit opuscule de 30 pages rédigé en 1867 pour crier son opposition à l’intervention napoléonienne en Italie, est une dénonciation virulente de la politique sociale de l’Empire et un plaidoyer républicain qui se situe ouvertement sous le signe de PROUDHON.
Un des dirigeants de la Commune
Pendant le siège de Paris, VAILLANT participe aux divers mouvements révolutionnaires. Pendant l’hiver 1870-1871, il entre en contact avec BLANQUI. Déjà, par sa participation à la rédaction de presque tous les principaux manifestes révolutionnaires ou socialistes, il se fait remarquer comme une des têtes pensantes du mouvement communard naissant. Élu membre de la Commune pour le 20e arrondissement, VAILLANT joue un rôle de premier plan, notamment à la Commission exécutive où il sera réélu en tant que délégué (Ministre) à l’instruction publique. Il décide de la gratuité et de la laïcité des écoles de Paris. Voulant éviter une guerre civile, il tente d’obtenir un armistice du gouvernement le 25 mai 1871. Lors de la semaine sanglante, VAILLANT réussit à fuir la capitale pour se diriger, à pied, vers l’Espagne et le Portugal, d’où il embarque pour Londres. Sa participation à la cause communarde lui vaudra, le 17 juillet 1872, d’être condamné à mort par contumace par un Conseil de guerre.
L’exil à Londres
Arrivé dans la capitale britannique vers la mi-août 1871, il est immédiatement élu au Conseil général de la Première Internationale (sur proposition de MARX et ENGELS, eux-mêmes membre du Conseil Général de la Première Internationale). Très proche de MARX sur le plan intellectuel et idéologique, il s’en éloigne pourtant en 1872 à cause d’un différend tactique concernant la meilleure façon de continuer, dans l’immédiat, l’œuvre de la Commune. C’est à partir de ce moment qu’il se mêle aux des milieux blanquistes dont les militants en exil partagent sa volonté de poursuivre le combat républicain et révolutionnaire. C’est VAILLANT qui rédige les trois « manifestes blanquistes » des années 1870. Ces manifestes introduisent dans le discours socialiste français, pour la première fois, une importante dose de théorie marxiste. Entre-temps, VAILLANT poursuit à l’université de Londres ses études médicales et après avoir obtenu l’équivalence de ses diplômes il devient membre du très célèbre Royal College of Surgeons.
Le retour à Vierzon
Amnistié en Juillet 1880, VAILLANT rentre immédiatement en France sans avoir pu assister aux obsèques de son père décédé le 1er janvier. Il s’installe dans sa ville natale de Vierzon. Sur place, des militants ont prévu de faire de l’arrivée de VAILLANT le prétexte à une manifestation. « Au jour dit, début août, les sympathisants se pressent autour de la gare de Vierzon. C’est un homme encore jeune et mince, à la chevelure abondante que découvrent et acclament les manifestants. La foule fête le symbole aux cris de « vive la République ! vive la Commune ! » (rapport du commissaire de Police de Vierzon). Là, il s’occupe de l’organisation du parti socialiste dans le centre de la France. Sitôt installé, l’ancien communard montre une remarquable vitalité. Ce travail d’organisation va de pair avec la tenue de réunions publiques. Intervenant avec ses amis dans les meetings, il fait voler en éclats le parti républicain vierzonnais, divisé entre républicains opportunistes de Charles HURVOY, Maire de Vierzon-Ville et socialistes de VAILLANT. Aux élections municipales de 1881, les opportunistes et les radicaux dirigés par Charles HURVOY, battent les ’’vaillantistes ». VAILLANT cherche à constituer l’unité des socialistes français. Il est toujours en contact avec les blanquistes, mais aussi avec Jules GUESDE, le dirigeant des marxistes français. VAILLANT est candidat aux élections législatives d’Août 1881 à Vierzon. Ses idées progressent rapidement à Vierzon, à Mehun parmi les porcelainiers et dans le canton de Chârost. Au premier tour, VAILLANT obtient 25,13 % des voix (3e position). En 1882, il est candidat aux élections cantonales de La Guerche, il réalise plus de 38 % des voix. Il revient en 1886 à Vierzon, accueilli par 3000 personnes à l’occasion de la grève de la Société Française de Matériel Agricole et Industriel.
Un élu parisien
Élu simultanément en mai 1884, aux conseils municipaux de Vierzon et de Paris, il opte pour le mandat bellevillois et revient s’installer dans la capitale. Entre 1884 et 1893, il est conseiller du 20e arrondissement. Il fait entendre à l’Hôtel de Ville le discours socialiste révolutionnaire. Sur le terrain, il arrive, en une dizaine d’années, à transformer radicalement les conditions de vie des citoyens du quartier le plus déshérité de Paris, le quartier de Belleville.
La traversée du désert
Le mouvement socialiste sort affaibli et divisé par l’affaire BOULANGER. VAILLANT s’occupe, entre 1890 et 1893, de la reconstruction de sa propre formation qui, en trois ans, noue de précieux liens politiques et personnels parmi les militants et groupes provinciaux, surtout dans le Centre et le Midi.
Le député
En octobre 1893, VAILLANT est élu député, aux côtés de JAURES, GUESDE ou MILLERAND. Il est constamment réélu député par la suite, jusqu’à sa mort en 1915. Multipliant interpellations et propositions de loi, ses interventions à la Chambre se chiffrent par centaines. Jusqu’à sa mort, le « Père VAILLANT », comme on commence à l’appeler affectueusement, reste un des députés socialistes qui prend le plus au sérieux le travail parlementaire. Député, VAILLANT ne néglige nullement le travail militant sur le terrain. Entre 1880 et 1915, il rédige des milliers d’articles de journaux et prononce des centaines de discours. Il sillonne la France dans tous les sens, tenant des réunions, organisant des groupes, défendant des grévistes, arbitrant les conflits et prodiguant conseils, secours moral et, au besoin, pécuniaire. Son activité infatigable et désintéressée en faveur de l’unité syndicaliste lui vaut la désignation de « grand-père de la C.G.T. ». Avec les nouvelles divisions entre socialistes suite à l’Affaire DREYFUS (1899 – 1905), VAILLANT fit tout pour favoriser l’entente et l’unification de toutes les fractions du socialisme français. En 1902, il est réélu député de la Seine aux élections législatives et ensuite il créa avec Jules GUESDE, le Parti Socialiste de France (P.S.D.F.), puis il favorisa l’unité des socialistes au sein d’un parti rassemblant tous les courants, de GUESDE à JAURES, la Section française de l’Internationale ouvrière (S.F.I.O.). Une fois cette unité socialiste accomplie, VAILLANT, porte-parole de la S.F.I.O. à la Chambre, en devint « l’inflexible conscience ». Il y attaqua particulièrement la répression anti-ouvrière conduite par CLEMENCEAU et demanda en 1907 que la France renonce à intervenir au Maroc.
Une dimension internationale
Durant les dix dernières années de sa vie, VAILLANT porte l’essentiel de son activité sur le plan international. Il propose, au Congrès de la Deuxième Internationale tenu à Londres en 1896, la mise en marche d’un organisme international de coordination socialiste. Chargé par le Congrès de l’organiser, VAILLANT créé le Bureau Socialiste International (B.S.I.) qui voit le jour après le congrès international de PARIS de 1900. Il pousse les socialistes des 28 pays membres à s’organiser pour faire face à la guerre. Quand éclate la guerre en août 1914, VAILLANT se range immédiatement du côté de la défense nationale et lutte jusqu’à sa mort en faveur des efforts de guerre franco-britannique. Sans désespérer du socialisme international, il estime pourtant que celui-ci ne reprendrait vie et forme qu’après la défaite de ce qu’il appelait le « militarisme impérialiste allemand ». Cependant, VAILLANT, affecté par l’assassinat de JAURES, est épuisé par un travail ininterrompu de 50 ans de militantisme. Il meurt dans la nuit du 18 Décembre 1915, à l’âge de 75 ans. Paris lui fit des obsèques dignes d’un homme dont la vie tout entière avait été consacrée à la cause de la classe ouvrière. Sa dépouille mortelle fut ensuite transportée à Vierzon. Vierzon, décembre 2015, pour le centième anniversaire de la mort d’Edouard Vaillant. Biographie réalisée par la classe de PES de M.MORILLON, professeur d’histoire-géographie au lycée Edouard-Vaillant.